Tête de Bodhisattva

Stuc
Ancienne région du Gandhāra
II-IVème siècle
H. 18 cm

 

Vue à 360°

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Description

Un travail sensible du stuc

Cette tête de Bodhisattva en stuc provient de l’ancienne région du Gandhāra. Les fouilles archéologiques ont permis d’exhumer de nombreuses statues et fragments en stuc, révélant ainsi l’importance de l’utilisation de ce matériau au Gāndhāra.

Cette production, dont cette tête fait partie, recouvre la fervente réalité religieuse des premiers siècles de notre ère dans cette région. Les coroplastes inspirent la vitalité à leurs œuvres par un traitement très sensible des chairs et du modelé, autrefois souligné par la polychromie, qui a disparu sur cette pièce. Il s’agit de frapper l’âme des spectateurs, de les impressionner, dans une recherche permanente de la meilleure manière de toucher les fidèles, tout en humanisant l’image des personnages représentés. Les éléments sculptés en stuc prenaient place au sein du décor des ensembles architecturaux, des temples ou des sanctuaires.

 

Un art nouveau

Ce changement de paradigme trouve son origine dans le développement d’un nouveau courant religieux, le Bouddhisme Mahāyāna, aussi appelé Bouddhisme du Grand Véhicule. Les Bodhisattva jouent un rôle majeur dans ce courant religieux, et interviennent comme intercesseurs auprès des fidèles. Ces Buddha du futur, qui retardent le moment de leur éveil afin d’aider les fidèles dans leur quête spirituelle, favorisent particulièrement l’essor de ce courant religieux. Ce dernier touche désormais un nombre plus grand de fidèles, et n’est plus réservé à une élite monastique austère. A l’instar du bouddhisme Mahāyāna, l’art religieux se fonde sur l’approche sensible des représentations, jouant sur la connivence avec le fidèle. Les images des Bodhisattva incarnent la compassion, et l’art empreint de douceur se détourne ainsi de l’élite.

 

Le Bodhisattva, une image de la compassion

Ce visage serein, aux yeux mi-clos, et au visage régulier témoigne d’un véritable souci de naturalisme. Ses lèvres charnues, aux commissures profondes et son nez droit sont autant d’éléments qui illustrent l’influence de l’art hellénistique, qui connait une grande postérité au Gāndhāra. La tête est coiffée d’un turban, qui s’apparente à la réalité vestimentaire de cette région, créant ainsi une connivence avec le spectateur. De même, ses lobes d’oreilles sont distendus, et ornés de lourdes boucles d’oreilles, un autre élément qui ancre cette représentation dans son contexte de création tout en participant à l’humanisation de cette représentation.

 

Le syncrétisme des images

Venus d’Asie centrale, les souverains Kuṣāṇa (Ier- IIIe siècles) sont les principaux mécènes au sein de cette zone géographique, et c’est sous leur impulsion que l’art du Gāndhāra connait un formidable développement. C’est un véritable empire, qui comprenait des territoires allant de l’Ouzbékistan à l’Inde du Nord. Ce puissant royaume se situe au carrefour de nombreuses influences, notamment de ses voisins grecs, – successeurs d’Alexandre -, en Asie centrale ; puis de l’empire romain qui conquiert ces territoires.

Ce style syncrétique, si original dans l’art bouddhique, connait une grande postérité au Gāndhāra, lui assurant ainsi sa popularité.

 

Provenance : Collection privée française, 1980-1990.