Dévot

Schiste
Ancienne région du Gandhāra
Circa IIe siècle
H : 27 cm

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Description

Une figure de dévotion
Représenté avec beaucoup de finesse et de naturel dans sa posture, ce personnage masculin se tient debout, les mains jointes ramenées contre sa poitrine en geste de dévotion (añjali mudrā). Il est vêtu et paré à l’image d’un prince indien, confirmant son statut de dévot fortuné. Son habit est tout à fait typique de cette ancienne région du Gandhāra : une large pièce de tissu lui ceint la taille et est maintenue au centre par un noeud qui tire sur l’étoffe, laissant retomber un pan de celle-ci entre ses jambes. Une longue écharpe est enroulée deux fois autour du bras et de l’épaule gauches, passant à l’arrière pour reposer à l’avant sur le haut des jambes dans un joli drapé. L’homme est coiffé d’un turban maintenu sur son front par un noeud sophistiqué central, d’où rayonnent des bandes de tissu, couronnées par une bouffette en forme d’éventail. A ce jeu de volumes complexes, viennent s’ajouter de riches bijoux, dont de lourds pendants d’oreilles, de multiples bracelets et un long collier perlé.

Cosmopolitisme du Gandhāra : le style Indo-Parthe et l’influence grecque
Cette figure est absolument représentative de l’art sous le règne des souverains Kuṣāṇ, et les traits du visage, le rendu du drapé, le type même de l’oeuvre, montrent à la fois des influences grecques et parthes, laissant suggérer une origine dans la vallée du Swat. Les yeux grand ouverts, les petites dépressions soulignant la bouche et la moustache sont caractéristiques de cet art indo-parthe. Il en est de même des lignes étroites et parallèles dessinant les plis du vêtement : la tension du vêtement est rendue par un jeu de plis en courbes concentriques sur la cuisse droite de l’homme. Le pan gauche est, quant à lui, strié de longs plis verticaux retombant en pointes à la hauteur des chevilles. Enfin, l’acanthe qui supporte le dévot présente plusieurs feuilles aux extrémités retombantes. Il s’agit d’un motif directement influencé par l’art gréco-romain.

Une fonction étonnante
Cette oeuvre est aussi passionnante pour la grande volute à laquelle s’adosse le dévot. Ses bords reproduisent dans la pierre des moulures et une succession de stries orne sa face intérieure et supérieure. De façon très élégante, le sculpteur a évidé l’espace entre l’arrière de la tête du personnage et la volute. Par comparaison avec plusieurs oeuvres conservées notamment dans de grands musées américains, on peut conclure que cette pièce était une sorte de console (en anglais : peg, bracket, ou encore corbel ; en sanskrit nāgadanta), qui présentait à l’arrière de sa base un tenon permettant de l’insérer dans la maçonnerie d’un édifice, probablement un stūpa. Il semble en effet que de telles figures placées en hauteur sur le tambour de stūpa permettaient d’y accrocher des guirlandes de fleurs décoratives et éphémères. Ces figures étaient commanditées par des donateurs, soucieux de pérenniser leurs prières.

 

Provenance : Collection privée, US, acquise à New York dans les années 1990.