Frise jaïne

Grès rose
Inde
XIe – XIIe siècle
H : 27 cm

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Description

Une jolie frise jaïne au modelé sensible
Cet élément architectural formait un linteau et présente une alternance de ressauts en avancée et en recul. Dans deux niches architecturées sculptées en saillie se tient chaque fois un Jina, ou Tīrthaṅkara, être omniscient ayant échappé au cycle des réincarnations. Personnages hors norme, au nombre de vingt-quatre, les Jina s’égrènent durant toute l’histoire du monde et sont chargés de transmettre les fondements de la doctrine jaïne à travers les siècles. Celle-ci est antérieure au bouddhisme et l’un de ses principes fondamentaux est la non-violence (ahiṃsā), qui s’applique à toutes les créatures.
Symboles auspicieux et spiritualité
Les Jina sont ici représentés tous deux assis, dans la position du lotus (padmāsana), les mains dans le giron en méditation. « Vêtus d’air », c’est à dire entièrement nus, on peut ainsi les rattacher à la secte des Digambarā qui prône un renoncement total aux biens de ce monde. Elément iconographique caractéristique des Jina, le śrīvatsa, marque auspicieuse, est sculpté au milieu de leur poitrine. On distingue par ailleurs leur protubérance crânienne, qui atteste de leur état supra-humain et, comme le Buddha, leurs lobes d’oreilles distendus rappellent leur passé princier et notamment les lourds bijoux auxquels ils ont renoncé. Leur souveraineté spirituelle est enfin signifiée par l’auvent à trois étages qui les abrite.
Esprits gardiens, les yakṣa
En retrait figurent deux gardiens divins, appelés yakṣa. Très présents dans le jaïnisme, ils sont bienveillants et accompagnent les Jina. Assis en attitude d’aisance royale (lalitāsana), ils ont quatre bras et tiennent différents attributs. Celui de droite porte un fruit et un sac d’argent dans ses mains principales, ainsi qu’un probable lasso (pāśa) prenant la forme stylisée d’un bâton et un aiguillon d’éléphant (aṅkuśa) dans ses mains secondaires. Ils sont tous deux coiffés de hautes tiares et parés de riches bijoux : lourds pendants d’oreille et succession de colliers dont le plus long se resserre au niveau de la poitrine – un trait stylistique typique de la période médiévale dès le Xe siècle.
Architectures de bois reproduites dans la pierre
Il faut noter enfin cet intérêt pour l’imitation d’architectures véritables avec ici la représentation de colonnes. Les côtés des niches font en effet allusion à des constructions en bois de l’époque. On distingue ainsi les vases de terre cuite dans lesquels sont fixées les colonnettes, afin de les isoler de l’humidité et des insectes xylophages. Ces colonnes sont au service des divinités en soulignant leur caractère important. Elles ont aussi un rôle structurel et esthétique en scandant la surface sculptée.

 

Provenance : Collection privée, France.