Tête de Visnu coiffée de la tiare conique

Grès
Cambodge
XIe-XIIe siècles, époque angkorienne
H. 23 cm

Catégorie :

Description

Une image raffinée du dieu Visnu

Cette tête de Visnu, sculptée en ronde-bosse, est datée des XIe-XIIe siècles. Le dieu est ici coiffé de la tiare conique Mukuta, elle-même ornée d’un diadème finement ouvragé. Une expression de sérénité émane de ce visage aux traits finement sculptés. Le dieu se présente au regard dans une attitude frontale, caractéristique de l’art khmer. Les proportions géométriques sont caractéristiques de l’art khmer, où la stylisation est omniprésente. Ses yeux sont délicatement incisés, de même que sa bouche ourlée, esquissant léger sourire. L’air bienveillant du dieu participait à mettre en confiance le fidèle au sein du sanctuaire. Sa riche tiare conique, ornée d’un diadème, transmet le grand soin accordé aux détails, ainsi que la maitrise de l’art de la taille des artistes de l’époque angkorienne. Taillée dans du grès, cette pièce a été taillée et polie de manière raffinée et détaillée, transmettant ainsi le pouvoir évocateur de l’image aux yeux du spectateur.

Le culte visnuite au Cambodge

Influencés par l’Inde, les khmers adoptent non seulement leurs religions principales – le bouddhisme et l’hindouisme – mais également d’autres de leurs aspects culturels, notamment l’écriture en sanskrit. Ainsi, le culte de Visnu essaime également au Cambodge. L’exemple le plus révélateur de l’importance de son culte est la construction, dans la première moitié du XIIème siècle, du temple d’Angkor Vat, fleuron de l’architecture angkorienne. Il s’agit d’un temple-montagne, une architecture typiquement khmère, dédié au dieu Visnu. Reprise du sous-continent indien, l’iconographie religieuse permet de reconnaitre ici Visnu à sa tiare, néanmoins traitée dans un style propre à la tradition khmère. Si l’image de Visnu est reprise, ce sont également les principaux textes mythologiques du culte du dieu qui se retrouvent au Cambodge, comme le Mahabharata.

Apogée de l’art khmer

Cette œuvre s’inscrit dans la période angkorienne (802-1431), qui est considérée comme l’apogée de l’art khmer. C’est sous le règne de Jayavarman II, que débute cette période, en installant sa capitale à Angkor, dans la plaine centrale du pays. Installée à côté du Grand Lac, le site bénéficie de nombreuses ressources naturelles, notamment favorisées par le phénomène d’inversion du cours du Mékong, qui draine l’ensemble du territoire. Au cours de cette longue période, le centre névralgique de la capitale se déplace au fur et à mesure, et de nombreux temples sont érigés, à l’origine d’une émulation artistique sans pareille. Sous la pression thaïe, la capitale d’Angkor est abandonnée en 1431, mettant ainsi un terme à une époque considérée comme la plus brillante des périodes artistiques au Cambodge.

Provenance: Collection privée française, avant les années 70.