Buste de Lokesvara

Grès
Cambodge
XII-XIIIème siècle, style du Bayon, empire Khmer
H. 33 cm

Vue à 360°

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Description

Une brillante période de renouveau

Suite à une période de troubles, le règne de Jayavarman VII marque le début d’un renouveau à la fois artistique, religieux et culturel. Abandonnant le śivaïsme, le souverain fait du bouddhisme Mahāyāna la religion d’Etat. Ce changement de paradigme religieux incite les artistes à instaurer des nouveautés iconographiques et esthétiques, qui s’incarnent dans des ensembles architecturaux où monumentalisme est le maitre mot. Cette brève période, aussi brillante fut-ce-t-elle, voit son déclin apparaitre dans la résurgence du culte śivaïte dès le milieu du XIIe siècle.

 

Une image empreinte d’humanité

Ce buste de Lokeśvara, sculpté en ronde-bosse, s’inscrit dans le style du Bayon, qui débute sous le règne de Jayavarman VII. Le Bodhisattva est vêtu d’un sampot court, et il est reconnaissable au Buddha Amitabha dans sa coiffe. Il possède quatre bras, dont deux sont maintenus par un arceau, un élément caractéristique de l’art khmer depuis l’époque préangkorienne.

Une expression de sérénité émane de ce visage aux traits finement sculptés. Le Bodhisattva se présente au regard dans une attitude frontale, suivant les codes de représentation traditionnels. L’air bienveillant de Lokeśvara participait à mettre en confiance le fidèle au sein du sanctuaire, et à créer un cadre spirituel propre à la méditation.

Taillée dans du grès, cette pièce a été taillée et polie de manière raffinée et détaillée, transmettant ainsi le pouvoir évocateur de l’image aux yeux du spectateur.

 

Le culte de Lokeśvara, une incarnation de la compassion

Influencés par l’Inde, les khmers adoptent non seulement leurs religions principales – le bouddhisme et l’hindouisme – mais également d’autres de leurs aspects culturels, notamment l’écriture en sanskrit. Ainsi, le culte des Bodhisattva essaime également au Cambodge.

S’il est connu dès les débuts de l’art khmer, c’est toutefois lors du règne de Jayavarman VII (r. 1182/3 – vers 1220), que le culte de Lokeśvara connait son apogée. L’adoption du bouddhisme Mahāyāna en tant que religion d’Etat, qui donne lieu à la construction du temple du Bayon, instaure un nouveau paradigme stylistique. Plus naturalistes, les sculptures au modelé sensible s’inspirent parfois des traits du souverain régnant ou de ceux de son entourage. Règne alors expressivité et sérénité des images, que le bouddhisme s’emploie à transmettre.

Provenance : Vente Delorme et Collin du Bocage, 2012, puis collection privée française.